Veille actu et médias premier semestre 2011

FILIÈRE MUSICALE

Les contrats 360° : pas révolutionnaires. La stratégie à 360 degrés consiste pour un professionnel du disque à regrouper production, spectacle, édition, droits dérivés, etc. Pierre-Marie Bouvery avocat à la Cour de Paris et collaborateur aux Inrocks y consacre un ouvrage intitulé Les contrats 360°. Pour lui rien ces pratiques existaient déjà bien avant l’intronisation de ce concept en vogue : “le fait que le producteur phonographique d’un artiste-interprète soit également son producteur de spectacles, son éditeur et exploite ses droits dérivés n’est assurément pas révolutionnaire.” Ces pratiques se retrouvent ainsi depuis très longtemps dans le monde des labels indépendants. L’esprit “Do It Yourself”, le souci d’une maîtrise optimale et de la rationalisation économique y pallient ainsi le manque de moyens.

Les enjeux économiques et artistiques du disque par Philippe Couderc,  Président de la Feppia dans un entretien accordé au Portail aquitain des professionnels de l’écrit, de l’image et de la musique, Écla. “La concentration a des effets sur les choix artistiques et nous trouvons de moins en moins de place pour diffuser nos productions. Dans ce contexte difficile, la Feppia a été initiée par les labels indépendants qui ne se sentaient pas assez bien représentés par les deux principaux syndicats de la profession.”

La stratégie du numérique. A l’occasion de la sortie de son ouvrage Musique et stratégies numériques, (Irma collection Révolutic) Virginie Berger la papesse du « direct to fan » le confirme, c’est difficile de se passer d’un label comme structure de développement et d’accompagnement… tout en précisant que cela dépend de ce que le label fait. Tout cela est vieux comme le monde, trouver une «technique qui existe depuis longtemps : intéresser les gens. » Ainsi même si beaucoup d’artistes émergent sur Internet avec un univers et une identité, «beaucoup de maisons de disques font de vrais boulot de détection. ». Cet ouvrage entend interroger la relation fan/artiste, à l’heure de la recherche de nouveaux modèles pour revaloriser la musique.

Serge Teyssot-Gay : “Le streaming c’est du vol manifeste” ; Sans fioritures ni atermoiements, Serge Teyssot-Gay de Zone Libre donne son avis sur le streaming dans le quotidien Sud-Ouest : “Aujourd’hui, beaucoup de choses me heurtent dans la façon dont le business fonctionne. Le streaming, le système Deezer, avalisé de façon officielle par la Sacem et l’Adami, c’est du vol manifeste. Si tu cliques 100 000 fois sur le titre d’un artiste, l’artiste va toucher 2 euros. C’est tellement peu de fric que la Sacem ne se donne même pas la peine de rémunérer. Personne ne le sait, même certains professionnels ignorent comment marche le système.”

Quelles victoires pour la musique ? Le 2ème round de la grand-messe des Victoires de la musique a consacré Gaëtan Roussel catégorie artiste interprète masculin et Yael Naïm son pendant féminin. Années après années, cette cérémonie valide les choix de programmation des grands médias et les résultats des ventes conséquences surtout de la magie promotionnelle, sans préoccupation pour le monde alternatif et donc la diversité musicale. Si les labels indépendants y perdent une occasion de toucher le grand public, on peut toujours se poser des questions quant à l’intérêt de ce genre de manifestation. La “victoire de la musique” passe d’abord par la curiosité à susciter auprès du plus large public possible et non par l’attribution de récompenses.

Enquête sur les labels franciliens. Le Mila, dispositif de soutien à la production phonographique sur Paris, démarre en partenariat avec l’Irma une enquête sur la situation économique des labels en Ile-de-France. Objectif : “Obtenir une idée du paysage global des entreprises de production de la région afin de mieux faire entendre leurs problèmes et leurs besoins.” Puisse cette initiative donner un instantané constructif pour tous les acteurs de la profession, notamment institutionnels afin de mieux orienter leurs décisions et textes législatifs.

ÉCO NUMÉRIQUE

La mission Hoog mandatée par le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand a rendu son rapport.
Oublié le régime de gestion collective des droits du secteur musical, 13 engagements ont été pris sans faire l’unanimité dans la profession, principalement en ce qui concerne la gestion collective des droits d’auteur.

  • Publication des conditions générales de vente.
  • Pérennité et stabilité des contrats.
  • Justification des avances.
  • Transparence des minima garantis.
  • Prise en compte des parts de marché.
  • Définition d’une classification des modes d’exploitation.
  • Simplification des obligations de compte rendu (reporting).
  • Partage des données relatives à l’économie du secteur et état actuel du partage de la valeur.
  • Transparence au bénéfice des artistes interprètes.
  • Délai de versement des rémunérations.
  • Rémunérations au bénéfice des artistes interprètes.
  • Œuvres d’expression originale française.
  • Gestion collective en matière d’écoute linéaire en ligne (webcasting et webcasting semi-interactif).

La pomme croque du streamer. Les opérateurs de services streaming (Deezer, Last FM) ont protesté à l’annonce des nouvelles conditions commerciales d’Apple d’abonnement à ses contenus. Une commission de 30 % mettrait ainsi à mal la viabilité d’un système déjà peu rémunérateur pour les maisons de disques, fournisseur quasi gracieux du contenu. Laurent Bizot directeur du label No Format a ainsi déclaré à Music Info “relevé de royautés à la main” qu’il lui fallait  l’équivalent de 222 millions d’écoutes sur Spotify pour financer la production d’un album.

MÉDIAS

Label histoire du magazine Longueur d’Ondes relaye la mémoire de la scène indépendante française. Après Platinum puis Expressillon, c’est au tour de Jarring Effects de raconter en mars son histoire, tout en anecdotes et disques chroniqués. Céline Frezza l’ingé-son présente depuis les débuts décrypte l’esprit “do it yourself” qui préside le label : “Jarring n’a pas voulu être juste un label, mais aussi un tourneur, un festival, des soirées, un studio. Le but était de maîtriser tous les métiers autour du disque pour avoir la plus grande marge de manœuvre.”