Deezer s’ouvre à l’international en 2012. L’occasion de faire le point sur l’origine et le développement du service de musique en ligne français. Les labels indépendants tiennent ainsi à rappeler que la rémunération du streaming est actuellement insuffisante. La question du financement de la création à l’ère du numérique reste actuellement sans réponse.
FONDATEURS
Jonathan Benassaya
A quitté la présidence en 2010.
31 ans, diplômé École nationale supérieure d’arts et métiers et de l’Essec.
Carrière commencée dans banque d’affaires puis fonde la régie pub jeux video Magic Party revendu depuis.
Rencontre Daniel Marhely, 2ème patron de deezer donc, et crée Blogmusic, site de streaming fermé car illégal puis rouvert sous le nom Deezer.
Daniel Marhely
27 ans, crée en 2005 en parallèle de Blogmusik un site de rencontres lovely.com.
Siège au Conseil national du numérique
FINANCES – ORGANISATION
Création en 2007 ; apports personnels des fondateurs et de business angels.
En octobre 2009, Deezer annonce avoir levé 6,5 millions d’euros soit un total de 12,2 millions d’€ depuis ses débuts.
La maison mère est le holding « Odyssey Music Group » (K 90 562 €) pour ses activités de développements technologiques (mobile, activités de régie, médias).
Le site Deezer.com est une publication de la société Blogmusik, une S.A.S.U. (K 50 406,64 €).
Une filiale, Sound Deezer, sonorisation espaces publics et points de vente.
En juillet 2010 Orange acquière 11 % du capital.
Aujourd’hui les actionnaires sont :
- Xavier Niel (Free)
- Orange
- Pixmania
- AGF
- CIC
PARTENARIATS ET ACCORDS LABELS
Signatures labels :
- Sony BMG 10/10/2007,
- 15/10/2007 SPPF
- Believe et Because 10/01/2008,
- Universal Music Group 14/05/2008,
- Warner 3/09/2008,
- EMI 2/04/2009
- Discograph 2010
Partenariat YouTube depuis août 2008 (vidéos visibles sur deezer)
MODÈLE
Tout gratuit jusqu’en novembre 2009, Deezer propose actuellement deux services payants. Depuis juin 2011 l’écoute de titres en étant connecté à son compte gratuit est limitée à cinq heures par mois et ne donne pas accès à tout le catalogue en raison d’accords avec les maisons de disques.
TABLEAU COMPARATIF DES OFFRES
REVUE DE PRESSE
Annonce expansion internationale décembre 2011
Axel Dauchez directeur général de deezer :
Notre voulons devenir le premier acteur global de musique en ligne, en dehors des Etats-Unis. Cette volonté est née d’un constat : pour la première fois, cet été, la musique numérique a compensé les pertes du marché physique en France, selon le Syndicat national de l’édition phonographique, en grande partie grâce à la croissance de plus de 300% de Deezer. C’est une révolution dans les usages, qui cache une autre révolution : la réorganisation du marché mondial de la musique. Jusqu’à présent, la musique a toujours été concentrée sur sept pays : États-Unis, Canada, Japon, Allemagne, France, Angleterre et Australie. Pourtant ceux-ci ne représentent que 20% de la consommation mondiale de musique. Nous avons choisi une stratégie en contrepoint pour accompagner cette réorganisation.
Une quinzaine de partenariats avec des opérateurs télécom conclus dans le monde annoncé en janvier 2012 :
Ce type d’accord n’aurait pas été possible il y a encore six mois
Les accords avec les maisons de disques difficiles, mais le secteur prend conscience des changements du marché.
Concurrence Spotify
Je souhaite à Spotify de réussir aux Etats-Unis, mais je pense que c’est aujourd’hui le pire marché pour nous. Il n’est pas en croissance, il est surconsidéré par rapport à sa taille et les marges y sont très faibles. Le basculement du marché de la musique vers le « streaming » va redéfinir la géographie globale du secteur. Tant que l’on vendait et distribuait des contenus, les marchés traditionnels étaient intéressants. Là, nous vendons du service à valeur ajoutée. C’est d’autant plus intéressant dans des pays en fort développement.
Spotify n’est pas vraiment notre concurrent, il reste marginal en France. Nos principaux concurrents sont iTunes et le téléchargement illégal.
Le modèle gratuit-payant français
Non reproduit à l’international au profit d’une offre exclusivement payante :
Nous pensons que le marché payant peut s’établir de lui-même.
Nous avons ainsi attiré 20 millions d’utilisateurs en deux ans. Par la suite, notre réussite a été de monétiser le tout avec une contribution payante. En un an, 1,5 million de personnes se sont abonnées en France. C’était un challenge énorme de faire payer des gens 120 euros par an, alors qu’en 2000 la moyenne annuelle d’un foyer était de deux CDs par an. En parallèle, la mise en place de l’Hadopi [autorité de lutte contre le téléchargement illégal, NDLR] a été très importante pour exprimer, de façon adroite ou maladroite, ce qui est légal ou pas.
Le passage de l’illégal au légal est en cours, tout simplement parce que le service proposé est meilleur que l’illégal.
Universal vs deezer
LeMonde.fr : Deezer a remporté lundi 5 septembre une victoire judiciaire contre Universal Music France, qui tentait de lui interdire de continuer à exploiter son catalogue. Axel Dauchez s’est “réjouit” de la décision du tribunal : Je suis particulièrement content que le juge ait estimé que les nouvelles conditions posées par Universal n’étaient pas conformes à la charte des 13 engagements
conclue entre les producteurs de disques et les services de musique en ligne en janvier 2011 sous l’égide du gouvernement pour développer l’offre légale.
Deezer et les labels indépendants
En 2007 sur Zdnet Jonathan Benassaya, cofondateur du site, estime qu’une nouvelle étape a été franchie dans le développement de Deezer
grâce à un accord conclu avec la SPPF. De son côté, Jérôme Roger, directeur général de la SPPF, souligne que :
Ce service rentre dans le cadre du mandat confié par ses membres à la SPPF, qui va ainsi en assurer la gestion collective, comme elle le fait déjà pour le webcasting.
Julien Simon, Directeur Acquisition & Relations Labels Deezer, ajoute :
Nous sommes fiers d’intégrer le catalogue Discograph dans notre offre. Par cette signature, Deezer montre une fois de plus sa volonté d’élargir au maximum son offre aux labels et distributeurs indépendants. Les opportunités sont des plus ouvertes avec l’ensemble des artistes représentés par Discograph, afin de leur apporter un soutien en terme de visibilité, notoriété et développement.
Avenir de la filière musicale française
En mars 2011
Si notre filière réussit à passer ce cap, elle sera alors confrontée rapidement à un nouvel enjeu stratégique : le maintien de notre indépendance culturelle face à la mondialisation de la distribution numérique. Il est ainsi vraisemblable que 80 % des revenus de la musique numérique française puissent tomber dans les mains de trois ou quatre acteurs internationaux, ce qui conduirait à une provincialisation de la France et une impuissance des politiques culturelles nationales. La réponse à cet enjeu réside dans une action européenne et française contre les distorsions concurrentielles quelles que soient leurs formes (TVA, abus de position dominante…).
D’où ce conseil/avertissement aux maisons de disques :
Pourtant, le principal enseignement de la musique aux autres industries culturelles est la nécessité d’inventer des offres légales “graduées”, du gratuit vers le payant, locales et exceptionnelles pour devancer le piratage et établir durablement un marché viable. La défense de la création et de la diversité culturelle ne se fera qu’au prix de ce combat d’innovation.