Avec Club Label , la FÉLIN part à la rencontre de ces artisans incontournables de la musique que sont les labels indépendants. Chaque mois nous vous invitons à entrer dans l’univers d’un label en y découvrant ses artistes, son histoire ou encore ses derniers coups de coeur. 

Aujourd’hui, pour ce nouveau portrait, installez-vous bien confortablement et laissez-vous transporter par les beats décontractés de MaJu Records, un label qui vous veut du bien.

Rencontre avec Marie Deschamps, co-dirigeante de la structure MaJu Records.

COMMENT EST NÉ MAJU RECORDS ?

Maju Records est un jeune label indépendant de musique électronique/Downtempo né de la rencontre avec l’artiste Mounika. (Jules) via Nolwenn Migaud, une amie commune. J’ai été pendant quelques années la manageuse de Jules et début 2019, la question de monter notre propre label, notre propre structure s’est posée, avec une envie commune : celle de l’indépendance, mais surtout la même passion pour la musique. Nous n’avons pas réfléchi bien longtemps, car en Mai 2019, nous avons co-créé le label MaJu Records. Pour la petite histoire, nous avions beaucoup de mal à trouver un nom de structure percutant, alors on s’est dit Ma ( Marie, moi donc) + Ju (Jules) et bien ça fait MaJu 😊, qui veut dire « avancée » en malais. La boucle était bouclée et finalement, un nom trouvé à la va-vite nous correspond bien 😊

Le label était destiné à la base à la gestion des albums, tournées et affaires courantes de Mounika. Mais nous avons eu vite l’envie d’accompagner d’autres artistes et c’est comme cela qu’aujourd’hui nous produisons les projets Moow, Gavrosh et tout récemment Moondoe And His Fox. Pouvoir accompagner et développer des artistes qui nous sont chers est un vrai challenge, car nous ne sommes que 2 aux manettes du label, mais avant tout un réel plaisir. Le plaisir de pouvoir apporter notre pierre à l’édifice auprès d’artistes dont la musique et l’histoire nous font tout simplement vibrer.

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QUELLES SONT LES PARTICULARITÉS DU LABEL ? 

Nous avons plusieurs particularités, déjà dans l’univers que nous défendons, celle d’une musique électronique qui ne dépasse jamais un certain BPM :), qui oscille entre Lofi, Trip Hop et Electro. La musique que nous produisons reste une musique de niche, pas si méconnue que ça du grand public, mais qui a le mérite d’exister au-delà du streaming/des plateformes et d’être reconnue à sa juste valeur. 

L’autre particularité que nous avons, c’est celle de l’association d’une manageuse avec un artiste, afin de créer en commun une structure « d’artisans » qui puisse accompagner des projets sans devoir se cantonner à un rôle d’agent pour ma part et à un rôle d’artiste pour Jules. Un Duo solide qui nous offre une grande liberté dans les choix de carrière qui peuvent ou pourront être faits autour du projet Mounika., mais aussi en ayant la possibilité de produire et d’accompagner d’autres artistes. Ce modèle de structuration, un peu à côté des modèles classiques de l’industrie, nous a été inspiré suite à divers échanges ou expériences avec des labels comme Banzaï Lab, Nowadays Records ou encore Chinese Records qui ont su montrer qu’une maison de disque pouvait faire cohabiter artistes et professionnels de l’industrie à la direction de cette dernière. Mais aussi suite à une longue discussion avec le Producteur de rap Ablaye après un concert d’Orelsan aux Vieilles Charrues. En effet, en partageant son histoire et celle du Label 7th Magnitude, il a su m’apporter la confiance qu’il me manquait un peu, en me montrant que « tout était possible », qu’aucun modèle n’est le bon et que seul le nôtre prévaudra.

Pour ma part, j’ai eu plusieurs postes dans l’industrie du disque et du spectacle : coordination de label, chargée de production pour une agence de tour et pour un festival, régie de tournée, manageuse… Bref, à nous deux, ce n’est pas le manque d’expérience qui pose problème, mais plutôt le fait que nous ne sommes que deux avec des envies que nous avons souvent du mal à gérer avec notre seul duo. La question de l’organisation de travail s’est donc posée dès la première année de création du Label et nous avons décidé de coproduire nos sorties avec d’autres. Par exemple pour Mounika., nous nous sommes rapprochés du Label I.O.T Records à Marseille avec qui j’avais déjà travaillé dans le passé. Pourquoi monter une nouvelle équipe, alors qu’il en existe une parfaite ailleurs ? 

La co-production, qui s’étend au reste du catalogue, est une manière pour nous de mutualiser des compétences, des postes, des idées, des envies, organisés autour d’une sortie album. Ce choix de structuration, lui aussi un peu en dehors des modèles dit “classiques”, nous permet de gérer de manière plus précise l’échelle des investissements humains et économiques, en somme faire ensemble pour être plus efficace, en gérant de manière précise les coûts liés aux ressources humaines. 

MOUNIKA.
MOONDOE AND HIS FOX
MOOW
GAVROSH

Les artistes du label MaJu Records

QUELS CONSEILS DONNERIEZ-VOUS ?

Donner des conseils est souvent un exercice un peu délicat, car nous-mêmes apprenons chaque jour, de nos expériences, nous évoluons ensemble, via de nombreux échanges et partages d’expérience. Peut-être donc que le premier “conseil” que je pourrais donner, c’est de savoir écouter l’autre, son associé, son partenaire ou l’artiste que nous défendons, pour pouvoir mettre en place des stratégies de développement solides et communes. Avec toujours comme idée de mise en compétence des particularités de chacun, c’est à plusieurs, en sachant communiquer qu’on arrive à faire de belles choses. 

Le deuxième conseil qui me semble important, c’est de se constituer un réseau solide, et pour ça à mes yeux, la technique la plus efficace, c’est de « traîner » dans les salons pros ( Mama, Trans, etc…) et dans les concerts, avec un peu d’audace afin d’aller à la rencontre de l’autre. Votre réseau ne devrait pas mettre trop de temps à s’étoffer, de manière générale, les gens sont sympas et ont envie d’échanger, donc n’hésitez pas et osez. 

UN DERNIER MOT ? 

Continuer de découvrir de la musique, de fréquenter les concerts, d’être passionné, passionnant, délicat, bruyant, inventif, rigoureux, rêveur … 

Notre métier est un « sacré bordel » qui ressemble plus à un marathon, qu’à un cent mètres. Mais se donner les moyens d’y arriver et d’accompagner des jeunes talents dans leur projet nous permettra à tous de continuer à rêver, mais aussi à vivre. Car comme le disait le philosophe Friedrich Nietzsche : « Sans musique, la vie serait une erreur ».