Pour la première fois en France, en 2018 le chiffre d’affaires généré par le numérique a dépassé celui des ventes physiques pour atteindre 57% des ventes globales (chiffres du SNEP). Pourtant, cette embellie profite t’elle de la même façon à tout le monde ?

Aujourd’hui les revenus du streaming sont répartis « au pro-rata du nombre d’écoutes » sur le modèle de la radio, pro-rata qui favorise les artistes les plus écoutés. La question d’une répartition plus connectée à l’acte de consommation, dite « user centric » nous semble incontournable aujourd’hui.

En mai 2019, nous avons organisé une table ronde avec les experts du sujet, pour comprendre le mécanisme de redistribution des revenus du streaming et les arguments en faveur - ou non - du user centric. A l'issue de cette table ronde, la FELIN s'engage en faveur du User Centric auprès de Deezer, la GAM, l'UPFI, Idol et Believe.

Extraits

➟ Le “user centric”, contrairement au système basé sur la part de marché (= les ratios), permet de faire revenir l’argent généré par un abonné aux artistes qu’il a effectivement écoutés. Ludovic Pouilly-Deezer

➟ « La création de valeur est centrale dans le secteur de la musique. Avec le streaming, on a réussi à réintroduire le consentement à payer auprès du consommateur, mais on se retrouve in fine avec un système déséquilibré, où l’argent généré par un abonné va dans les poches d’artistes qu’il n’a pas consommé. » Benoit Tregouet-Disques Entreprise

➟ À l’heure actuelle, il faut en gros entre 1 300 et 1 500 écoutes en stream pour générer l’équivalent d’un album vendu à la FNAC, soit à peu près 5 €. Il convient de préciser parallèlement que le budget moyen de production d’un album, chez un indépendant, tourne entre 20 à 30 000 €, ce qui représente (avec nos calculs) environ 7 millions de streams. Julien Philippe-Antipodes Music
L'enquête la plus récente des labels membres de la FELIN présente une une moyenne de 500 mille streams sur le catalogue des labels (en 2017).

➟ Sur la question de l'impact sur les genres musicaux : Ludovic Pouilly-Deezer

  • Le “user centric” aurait de multiples impacts, mais je crois inopportun d’entrer dans la logique de “gagnants versus perdants”, car cela ne nous permettra pas d’avancer. Ce nouveau système générerait un ruissellement des revenus du haut de la pyramide vers le bas. Cette manière de redistribuer les revenus favoriserait la diversité et dynamiserait la création, ce qui est essentiel à nos yeux. Quand on entre dans le détail, on constate qu’aucune catégorie spécifique d’ayant-droit ne serait impactée de manière uniforme.
  • Le nouveau mécanisme redistribuerait les revenus vers des genres de niche, comme le classique, le jazz et le métal. Cela se ferait évidemment au détriment de genres les plus consommés par les plus jeunes, qui écoutent plus que les autres.
  • Pour résumer, le “user centric” aurait plutôt tendance à favoriser les genres musicaux consommés par des cibles plus adultes, dont les revenus sont aujourd’hui aspirés par les répertoires davantage consommés par les plus jeunes.

Ressources :

➊ Le compte rendu de notre table ronde est à retrouver sur le site Newstank Culture.
Ont participé :  Sophian Fanen (modération), Journaliste, co-fondateur Les Jours, auteur de Boulevard du Stream paru en 2017.
Benoit Tregouet - Disques Entreprise
Julien Philippe - Antipodes Music
Ludovic Pouilly - responsable des relations institutionnelles Deezer / ESML
Pascal Bittard - IDOL
Suzanne Combo - La Gam

➋ Etude finlandaise basée sur données Spotify (compte premium uniquement) faite en 2017  Pro Rata and User Centric Distribution Models: A Comparative Study, Digital Media Finland.

➌ Etude Cloud & Concerts parue en 2014 et réalisée en Norvège / Université Oslo

➍ Music Streaming in Denmark, an analysis of listening patterns and the consequences of a ’per user’ settlement model based on streaming datafrom WiMP ,
Rasmus Rex Pedersen, Roskilde University & Rhythmic Music Conservatory, Mai 2014

 

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