La FÉLIN œuvre pour un marché de la musique où les labels indépendants TPE ont toute leur place. Avec l’essor du streaming qui ne se retranscrit pas ou peu dans les revenus des labels, la Fédération se positionne pour une rémunération plus juste et transparente de ce nouveau mode de consommation. Cette fiche a vocation à décrypter le modèle User Centric de manière à être partagée largement aux artistes et aux labels pour porter une voix unie en faveur d’un modèle plus juste.
En effet le streaming se positionne comme étant le modèle dominant d’écoute de la musique. Pour la première fois en France, en 2018, les chiffres annuels du SNEP font émerger un chiffre d’affaires généré par le numérique dépassant celui des ventes physiques atteignant 57% des ventes globales. Pourtant selon une étude de la société d’analyse Alpha Data, sur 1,6 million d’artistes dont la musique était en ligne sur les plates-formes en 2019, seulement 1 % ont capté 90 % des écoutes. Et dans ces 1 % d’élus, 10 % ont capté 99,4 % des écoutes. Le mode actuel et initial de répartition des revenus présente ainsi des anomalies et pose question quant à sa philosophie même. Depuis quelques années, un nouveau modèle plus éthique émerge : le User Centric. Décryptage.
Market Centric vs User Centric
Aujourd’hui, les ayants droit et créateurs sont rémunérés à hauteur de leur part de marché globale, favorisant ainsi les titres dont l’audience est la plus forte et contribuant à flécher les revenus du streaming vers les titres écoutés par les utilisateurs intensifs. Un abonné qui paye un abonnement à 10 euros par mois voit donc une large partie de cette somme migrer vers les artistes les plus streamés. En effet, les 18-25 ans représentent 19 % des abonnés Deezer mais génèrent pourtant 24 % des royalties. Ce modèle de répartition a été décidé en 2007, au moment où Deezer fût la première plateforme à avoir trouvé un accord avec les majors de l’industrie musicale.
User Centic
Le User Centric Payment permet quant à lui de répartir le montant d’un abonnement en fonction des écoutes réelles de l’utilisateur : l’abonnement est distribué uniquement aux ayants droit des titres écoutés. Ce modèle limiterait ainsi le fléchage des revenus vers les écoutes réalisées par les utilisateurs intensifs. Concrètement, avec le « user centric », la musique classique, le hard rock et le blues seraient les genres musicaux les mieux revalorisés, avec une hausse de 24 %, 22 % et 18 % des redevances perçues. La pop et le rock serait également impactés positivement entre 12 % et 13 %. Tandis que le rap perdrait autour de 20 %*, néanmoins il en aurait bénéficié si ce modèle avait existé lorsqu’il n’était pas encore le genre le plus écouté. (*source : Étude CNM / Deloitte)
Fraude
Le modèle actuel permet a des comptes frauduleux de générer un volume massif d’écoutes détournant les revenus générés par les vrais utilisateurs, au détriment d’autres artistes. Bien que la fraude existera et s’adaptera toujours, le User Centric permettra ainsi de restreindre la fraude liée à la surconsommation.
Value Share
Le chantier parallèle au User Centric est celui du Value Share, autrement dit, de la rémunération des artistes sur le streaming. En France, les négociations autour d’un pourcentage minimum : « la garantie de rémunération minimale » sur le streaming reprennent. Ces deux revendications ne s’opposent pas, elles se retrouvent dans l’évolution de la rémunération des ayants-droits sur le streaming.
La FÉLIN remercie le CNM et le cabinet Deloitte pour la réalisation de l’étude sur l’impact du passage au User Centric, nous amenant ainsi à une nouvelle étape. La FÉLIN maintient son soutien pour ce modèle qui nous semble être le plus juste et le plus éthique en faveur de la création et de la diversité, principales valeurs de notre fédération. À l’heure où le marché du streaming est en constante évolution, nous pensons qu’il est temps de changer de modèle au profit d’une rémunération plus juste pour les ayants droits.
En savoir plus via : Le CNM / Deezer / Les jours : La Fête du Stream