Métadonnées et big datas, quels enjeux pour les labels ?

Ce n’est pas un scoop, la société se numérise et cela se traduit par la production de milliards de données chaque seconde, sur lesquels s’appuient outils, services ou systèmes. En raison de son format, la musique est quant à elle directement concernée par cette numérisation : le piratage hier ou le streaming aujourd’hui.

C’est dans le cadre de notre parcours Label in Tech autour du numérique que Philippe Astor (@music_zone) est intervenu auprès des labels membres de la FÉLIN afin apporter son analyse autour les enjeux des datas dans la musique enregistrée.

Big datas et métadonnées, de quoi parle-t-on ? Et quels sont leurs rôles dans la musique enregistrée ?

La musique ne se réfère pas à un objet ou concept extérieur, elle ne constitue ni un savoir, ni une connaissance. C’est la raison pour laquelle, il est essentiel de produire des informations pour la décrire : les métadonnées. Ces informations permettent ainsi de la classer et de la relier à un genre, à une année, à un courant, à d’autres musiques, à ses ayants droits…

Le numérique et ses modes de consommation demande à un certain nombre d’acteurs d’échanger des données et de les faire intéragir avec des machines. Des métadonnées bien remplies permettrons donc une meilleur identification à la fois des systèmes, des utilisateurs, mais aussi les organismes de gestions collectives pour la perception et la redistribution de droits.

Il n’existe cependant pas aujourd’hui de normalisation de la métadonnée à l’échelle de la musique enregistrée. Pourtant, une telle normalisation serait bénéfique à l’ensemble des ayants-droits de contenus numériques mais aussi pour la diversité musicale : meilleure répartition, meilleures suggestions, développement de nouveaux services pour une meilleure expérience utilisateur…

Les big datas correspondent à toutes les données produites par un utilisateur sur internet qui seront ensuite stockées et traitées par un système informatique. La personnalisation de masse est par exemple le lien entre big data et métadonnées, c’est à dire l’expérience d’un utilisateur et des données préexistantes permettant ainsi la recommandation.

Dans le streaming cela se traduit par des playlists personnalisées basées sur les écoutes et les métadonnées acoustiques ou éditoriales fournies par le distributeur numérique puis identifiées par la plateforme.

Les datas au service d’un projet 

Les statistiques que l’on retrouve sur les réseaux sociaux ou les plateformes de streaming sont des indicateurs essentiels basés sur les big datas. Ces indicateurs permettent de mieux connaître une audience, de savoir sur quel territoire orienter le développement de son projet, adapter sa communication en fonction du public auquel on s’adresse.

Depuis quelques années, de nouveaux services émergent : les KPI  « key performance indicator ». Ces agrégateurs de données permettent de naviguer à travers une interface et d’avoir une visibilité sur un certain nombre de datas : les entrées en playlists, les écoutes par zones géographiques ou par typologies de plateformes, le profil des auditeurs, le airplay… L’ensemble des informations disponibles sur ces interfaces permettent à un label d’arbitrer les décisions à prendre sur un projet ou sur un catalogue en situant très précisément un artiste. (Exemple de KPI : Soundchart ou Chartmetric)

Blockchain, NFT, intelligence artificielle… l’évolution numérique n’en a pas fini de bouleverser un écosystème musical dont la standardisation référentielle des métadonnées serait l’une des briques manquantes.

Pour aller plus loin, nous vous recommandons le dossier de Philippe Astor « La gestion des droits de la musique fait sa révolution informatique » en trois parties sur le site de l’IRMA/CNM (sur ce lien) et de vous abonner à la newsletter professionnelle @music_zone.