La FÉLIN alerte ses membres sur le recours aux faux streams

Le streaming musical est devenu en quelques années le principal mode d’écoute de la musique enregistrée. Mode d’écoute dont le pouvoir de recommandation est très fort puisque 70% des utilisateurs se laissent guider par les tops, les playlists et les algorithmes. Alors que l’on compte des milliers de sorties chaque semaine en France, sortir du lot est devenu un réel enjeu. Et ce n’est un secret pour personne, plus un titre est écouté sur ces plateformes, mieux il sera positionné dans l’algorithme et les playlists.

C’est ainsi que des agences de marketing digital éclosent sur le web, proposant des packs attractifs qui promettent une belle notoriété sur Spotify, Deezer, Apple ou Youtube jusqu’à se placer en haut du top.

Mais attention ! Le revers de la médaille coûte cher à vos projets et à tout l’équilibre du marché de la musique.

Explications :

Aujourd’hui, la rémunération des écoutes streaming est calculé en fonction des parts de marché des ayants-droit dit Market Centric, c’est-à-dire que nous sommes tous interdépendants des pratiques des uns et des autres. La fraude massive, via l’achat de “fake streams” vient brouiller et rendre caduque l’ensemble des rémunérations des labels, qui sont calculées au prorata des parts de marchés.

Un fake quoi ?

Oui, l’achat de fake streams consiste à acheter des écoutes en augmentant artificiellement sa part de marché sur les plateformes de streaming, et ainsi sa rémunération, au détriment des autres.

C’est très tentant de booster un titre et optimiser sa position dans un classement ou l’algorithme de la plateforme. Bien que le coût d’un faux stream peut-être supérieur à sa rémunération réelle, le mécanisme pourra malgré tout entrainer des écoutes « organiques » et ainsi gonfler la part de marché du projet en accédant aux «tops».

Pourtant c’est mal….

Et oui ! Gonfler sa part de marché sur les plateformes de streaming est à la fois complétement illégale mais aussi contraire au Conditions Générales d’Utilisations des différents services de streaming. En effet, vous n’avez pas à payer pour entrer dans une playlist éditoriale ou celle d’un tiers. Et les sanctions peuvent être considérables.

Labels ne vous faites berner par les offres marketing

Acheter des streams est une tâche simple et à portée de main. Il s’agit le plus souvent d’offres alléchantes portées par des agences de marketing digitales au service de leurs clients pour augmenter leur popularité sur les réseaux à partir de méthodes « réelles » et « légales ».

On vous indiquera que pour générer des écoutes, le titre sera partagé dans des playlists sans vraiment préciser lesquelles. Ces services ne sont cependant que des intermédiaires entre un acheteur et la ferme à cliques qui produit la quantité de fake streams commandée.

Néanmoins dans l’univers de la manipulation du streaming, ces agences ne représentent qu’une part relativement marginale de la fraude. Des artistes, des labels, des managers seraient aussi démarchés directement par des vilains hackers masqués dont l’activité n’est pas renseignée sur un site web et dont l’impact est bien plus important.

Comment détecter les offres frauduleuses sur les playlist ?

  • S’assurer de la cohérence éditoriale.
  • Le titre doit être sélectionné et non accepté automatiquement
  • Demander le lien des playlists puis si possible vérifier ses données statistiques via un des outils comme Chartmetric ou Soundchart (si son nombre d’abonnés augmentent subitement en 24h, c’est suspect…)
  • S’assurer de la cohérence des écoutes / notoriété des artistes dans ladite playlist en vérifiant les profils.
  • Vérifier l’exactitude et les mentions légales de votre prestataire : Nom, prénom, adresse, société…

Qu’est-ce que je risque ?

En plus de participer au déséquilibre des rémunérations du streaming, et sur le long terme mettre en péril la pérennité de notre économie. Vous serez probablement identifié par la plateforme, entrainant au mieux le retrait de votre titre/artiste de celle-ci, voire de votre catalogue en intégralité, vos streams seront gelés, recomptés et non rémunérés puis votre projet sera boudé par les équipe éditoriales et l’algorithme.

En résumé

Prudence sur le choix de vos partenaires en communication. Un peu d’éthique et une stratégie murement réfléchie sera bien plus efficace qu’une fraude. Car au final, votre nombre de streams ne sera qu’une coquille vide, à l’échelle des salles que vous penserez remplir.