COMMUNIQUÉ DE PRESSE
– 13 septembre 2023 –
Artist Centric, le revers du User Centric
Universal et Deezer se sont accordés pour créer un nouveau modèle de rémunération du streaming. Appelé ‘Artist Centric’ il booste les rémunérations des artistes qui reçoivent au moins 1 000 écoutes mensuelles de la part d’au moins 500 auditeurs uniques, écarte les bruits de l’assiette de calcul et offre un deuxième boost aux artistes les plus recherchés.
Les labels indépendants de la FELIN défendent depuis plusieurs années, aux côtés de Deezer, un autre modèle de rémunération dit ‘User Centric’ directement issu de la comptabilité des écoutes sur la plateforme.
C’est avec surprise que nous avons découvert cet accord bilatéral entre Universal et Deezer dont l’impact – s’il était amené à être déployé sur nos catalogues, reste à analyser. Qu’en est-il de la concertation ? De la défense de la diversité musicale ? Comment et pourquoi la mise en place d’un tel dispositif, qui va impacter l’ensemble de l’Industrie musicale (artistes/managers/labels/distributeurs etc…) peut se faire entre 2 acteurs majeurs, sans aucune concertation avec le reste de la filière ?
L’idée d’aller vers un modèle où les musiques de ‘bruit’ ne sont plus monétisées et, où l’implication des fans est valorisée semble intéressante sur le papier. Néanmoins, les paliers proposés dans ce nouveau modèle économique écarteraient de facto, une partie significative des artistes émergents, pourtant « professionnels ». Ils verraient leur rémunération diminuer drastiquement, au profit des artistes les plus « bankables ». Voilà un fonctionnement qui nous parait très éloigné d’un rééquilibrage des forces entre petits et gros acteurs, aux antipodes d’une plus grande équité et justice du modèle d’exploitation du streaming.
Sommes-nous au milieu d’un champ de bataille entre Universal et Tunecore, Deezer et Spotify, les ‘artistes émergents’ et les ‘têtes d’affiches’, la taxe streaming et la rémunération du streaming ?
On note aussi que Deezer annonce un chiffre de 7% de faux streams détectés, un chiffre qui détonne au regard de l’enquête réalisée par le Centre National de la Musique en janvier dernier (le taux de détection est affiché entre 1 et 3%).
Cela laisse entrevoir l’étendue d’un désastre financier, d’une perte de chiffre d’affaires pour nos labels qui ont vu leur rémunération ponctionnée au profit des « tricheurs » depuis plusieurs années. Nous sommes donc en mesure de demander en quoi ce nouveau modèle permettrait de limiter la fraude ?
Cet accord a été poussé dans la presse comme une volonté de révolutionner le marché du streaming. Nous l’accueillons à sa juste mesure : comme un accord commercial entre deux opérateurs.
Si nous soulignons le caractère positif de certaines de ces dispositions, nous ne souhaitons pas que le marché du streaming devienne un marché où la rémunération des artistes et des producteurs soit sujet aux accords commerciaux passés entre tel ou tel opérateur de taille internationale.
Ainsi, nous soulignons dès maintenant la nécessité d’une prise de décision concertée pour éviter la concentration des revenus et assurer la pérennité des labels et artistes indépendants, dans toute leur diversité. Nous appelons les pouvoirs publics à intervenir pour aller de l’avant dans cette régulation du streaming devenue essentielle. Le marché seul est incapable de s’autoréguler. Si on laisse les multinationales s’entendre entre elles, elles le feront au détriment des acteurs les plus vulnérables, les labels indépendants, garants de la diversité et de l’exception culturelle française.
Contact presse :
FÉLIN : Céline Lepage, déléguée générale – celine@fede-felin.org