MANIFESTE DES INDÉPENDANTS

– le 10 octobre 2023 –

Les indépendants de la musique, une exception culturelle française à soutenir.

Curieux, exigeants, audacieux, mordants, imprévisibles, les acteurs indépendants de la musique sont les premiers garants de la diversité musicale et de la richesse de notre scène française. Réunis sous le drapeau Indies First, ils élèvent la voix aujourd’hui pour partager leurs engagements et attirer l’attention du public et des institutionnels.
 

– Les labels indépendants produisent 80% des albums chaque année et représentent 80% des emplois du secteur (source IMPALA)

– Qu’ils soient label, disquaire, presse musicale, radio, festival, distributeur de musique, ‘être Indépendant’ c’est s’engager à soutenir l’émergence, la singularité des œuvres musicales avant de miser sur le profit. Motivé par la passion, l’indépendant n’a, par définition, pas d’actionnaire à qui il doit rendre des comptes et donc pas de recherche de bénéfice à court terme. Il peut prendre le temps de développer la carrière de l’artiste sur la durée.
 
Résilience et adaptation sont les maitres mots des acteurs indépendants qui doivent rester agiles face aux enjeux du secteur : les festivals indépendants sont fragilisés par l’inflation et doivent faire face aux grands groupes industriels qui font monter le prix des cachets, les labels doivent faire face aux problématiques de découvrabilité face à l’offre pléthorique des musiques mises à disposition du public (120 000 nouveaux titres chaque semaine sur les plateformes de streaming), la hausse du prix de fabrication du vinyle qui impacte les producteurs et les disquaires…
 
– Enfin, les indépendants s’inscrivent dans des valeurs qui préservent les libertés : dans la recherche d’une juste représentation des genres, de lutte contre les discriminations, dans une posture d’accueil de l’autre.
 
Alors que le marché connait d’importants phénomènes de concentration la place des indépendants doit être préservée coûte que coûte pour maintenir l’exception culturelle française.
 
Aujourd’hui, les six grands groupes privés (AEG, Fimalac, Lagardère, Live Nation, LNEI, Vivendi) ont investi le secteur musical, de la production à la diffusion : salles, festivals, labels, billetteries, fondations, médias, publicité, produits dérivés.
 
Quelle place aurons-nous pour la découverte et l’émergence française dans les années à venir ? 
 
Coté streaming, la rémunération des écoutes n’est toujours pas juste, comment imposer un modèle équitable pour nos labels et artistes ? Actuellement un auditeur premium qui écoute 2 albums de Jazz dans le mois, finance à 99% de son abonnement des projets qu’il n’écoute pas. Grossissant les recettes des acteurs majeurs de l’industrie. Le nouveau modèle ‘Artist Centric’ est un premier pas vers un modèle que nous plébiscitons, où l’intégralité de l’abonnement irait aux artistes écoutés par l’utilisateur, tout simplement.
 
En parallèle, la visibilité offerte aux artistes dans les médias s’est errodée depuis un dizaine d’années : ce sont des miliers d’artistes exposés en moins.
 
Nous avons la chance de pouvoir compter sur un Centre National de la Musique comme maison commune de nos métiers, régulateur, avec le Ministère de la Culture des équilibres de notre secteur.
Il est donc primordial de trouver un modèle pour le financer, c’est pourquoi nous sommes pour une taxe prélevée sur le streaming.
 
Le temps est donc venu de repenser les équilibres concurrentiels au sein de notre industrie, afin de préserver la myriade de labels, souvent ancrés en région, permettant la détection et le développement d’artistes locaux en devenir, protégeant la diversité de la production française, qui reste par sa richesse, unique au monde.