États-Unis : durcissement douanier, suspension des envois postaux - les vinyles échappent aux nouvelles taxes

Depuis le 29 août 2025, toutes les marchandises en provenance de l’Union européenne sont soumises à un droit de douane minimum de 15 % à l’entrée sur le territoire américain.

Cette mesure s’inscrit dans la continuité d’une série de décisions prises par l’administration américaine depuis plusieurs mois. Dès avril 2025, un « droit réciproque » avait été instauré à 20 % pour plusieurs partenaires commerciaux, dont l’Union européenne, avant d’être temporairement suspendu et réduit à 10 %. Le taux de 15 % est désormais un plancher, venant remplacer le précédent régime.

Cette réforme marque la fin de l’exemption dite « de minimis », qui permettait jusqu’alors d’expédier sans frais des marchandises d’une valeur inférieure à 800 dollars. Dorénavant, seuls les cadeaux envoyés entre particuliers et dont la valeur est inférieure à 100 dollars continuent d’être exemptés.

En conséquence, La Poste, qui expédiait jusqu’à présent chaque année environ 1,6 million de colis par an vers les États-Unis, a annoncé la suspension de ses envois à compter du 25 août, faute d’avoir obtenu un délai d’adaptation pour mettre ses systèmes en conformité avec les nouvelles règles.

D’autres opérateurs européens – Deutsche Post, BPost, Correos – ont déjà pris des mesures similaires. Dans ce contexte, seuls les envois express restent possibles, via Chronopost, FedEx ou UPS.

Beaucoup de secteurs sont directement impactés par ces mesures. Mais une exception notable concerne l’industrie musicale : les disques vinyles, CD et cassettes ne semblent pas concernés par cette nouvelle réglementation.

Ces supports sont considérés par les autorités américaines comme des « matériaux informatifs et culturels », bénéficiant d’une protection instaurée dès 1988 afin de préserver la libre circulation des œuvres culturelles.

La Customs and Border Protection (CBP) précise dans sa documentation sur l’IEEPA que la catégorie “informational materials” qui inclut entre autres: les phonograph records (disques vinyles), ainsi que les posters, photographies, cassettes, CD‑ROM, etc. est susceptible d’être exemptée des droits supplémentaires, à condition qu’ils soient correctement classés sous ces rubriques.

Pour que cette exonération soit effectivement appliquée, les expéditeurs doivent donc veiller à déclarer leurs envois en utilisant le code douanier approprié : HS/HTS 8523.80.10 – “phonograph records”.

Ces changements marquent un nouveau tournant dans les échanges commerciaux avec les États-Unis. Pour les acteurs de la musique, les vinyles semblent miraculés de ces nouvelles réglementations et rappellent l’importance de la reconnaissance du vinyle et des supports physiques comme biens culturels à part entière. Reste à savoir si cette exception sera durable ou si, à terme, elle sera remise en question par de nouvelles négociations commerciales.

Mais l’enjeu ne s’arrête pas là : l’arrêt des livraisons de La Poste vers les États-Unis prive les labels d’un canal essentiel de vente en direct aux publics américains. Or, les solutions express encore disponibles (Chronopost, FedEx, UPS) sont souvent plus couteuses que le prix du disque lui-même, ce qui met en péril la viabilité de ces ventes.

La FÉLIN reste mobilisée sur le sujet afin d’accompagner les labels et d’identifier des alternatives permettant de rendre accessibles les disques de leurs artistes aux États-Unis et maintenir cette activité indispensable à la musique indépendante.

Translate »