Disquaire Day : la révolution physique.

Communiqué – Bordeaux le 16 avril 2014

Disquaire Day : la révolution physique !

La Felin et les 10 fédérations de labels qui la composent, soutiennent le Disquaire Day organisé par le Calif. Depuis 4 ans, le Disquaire Day est un évènement populaire autour de la musique. Mieux, c’est un des rares jours où l’on parle de manière positive de la musique. Pire (!), des milliers de fans achètent toujours de la musique. Des vinyls qui plus est ! Le Disquaire Day est l’une des preuves éclatantes du rapport parfois charnel que le public a avec la musique. Il démontre l’attachement à un support physique que l’on n’a de cesse de ringardiser depuis des années.

Pourtant les chiffres sont là : sur les 12 premières semaines de 2014, l’institut GFK, référence dans le domaine, montre que, sur le Top album 200, plus de 85% des albums vendus le sont en physique (en volume, hors streaming). On voit donc que le grand public comme le public spécialisé, reste attaché au support. Certes, le marché du physique baisse. Mais pourquoi ? Transfert vers le numé- rique ? Oui. Réduction des linéaires ? Oui aussi. La baisse du marché physique tient autant de l’évolution des pratiques que de l’orientation du marché voulu par certains.

Pourquoi opposer le physique au numérique ?
Au contraire, réfléchir globalement permet une analyse plus fine des problématiques et des solutions à construire. Car aujourd’hui, le modèle économique du numérique peine à exister et entre cette année dans une période de fortes incertitudes qui voit les plateformes de streaming se livrer à une bataille féroce. Pire, le downloading (Itunes) marque fortement le pas. Les conséquences ? Une baisse probable des revenus numériques des artistes et labels indépendants.

Pourquoi une telle baisse alors que le marché est mondialisé ?
Les centaines de labels indépendants de ce pays, les milliers d’artistes ont certes leurs oeuvres, grâce au digital, disponibles 24h/24, partout dans le monde. Mais un artiste inconnu dans un territoire restera inconnu dans les chiffres de ventes. Le digital sera rémunérateur pour ceux qui ont une aura mondiale, ou qui possèdent un catalogue mondial (et si possible plein de golds). Mais pour les autres ? Ce qui convient aux détenteurs de grands catalogues ne convient pas forcément aux autres.

Que faire ?
Il faut une transition réelle vers le numérique, en valorisant ce qui constitue plus de 70% du CA de la filière : le disque phy- sique. Aujourd’hui se créent de nouveaux disquaires mais cela ne suffit pas. Et tandis que la Fnac supprime 180 postes de dis- quaires ce mois-ci, d’autres chaines ont vu au contraire leurs ventes physiques augmenter. Il faut développer un nouveau réseau de disquaires et de commerces culturels de proximité, renouer le lien avec le public, tra- vailler à la formation des disquaires et des labels, intervenir sur l’investissement et la trésorerie des entreprises, gommer les diffi- cultés de la distribution, réfléchir à un meilleur partage de la valeur, associer les artistes, créer des ponts avec le livre et les libraires, renforcer la présence de la musique indépendante dans les grands médias, revitaliser les radios à la programmation inno- vante. Et rassembler les différents corps de métiers de la musique pour les faire travailler ensemble.

Pourquoi travailler sur le disque physique ?
Parce qu’il constitue encore plus de 70% du marché ! Il est donc vital pour les centaines de labels indépendants et les milliers d’artistes. Parce le numérique reste loin d’être économiquement stable.
Ne pas le faire, c’est risquer la disparition de centaines de labels indépendants (ils sont plus de 800 en France, source Irma), soit des centaines d’emplois, du savoir-faire, de la diversité et de l’audace.

En attendant que le numérique ait enfin trouvé une voix économique stable et rémunératrice pour l’ensemble des créateurs, redéve- lopper la diffusion du disque physique entrainera la sauvegarde de centaines de labels indépendants et de milliers d’artistes, indispensables à la diversité culturelle. Mieux, cela donnera un nouveau souffle au monde de la musique, en accompagnant le dévelop- pement du numérique et en participant au maillage culturel dont les territoires ont absolument besoin.

____________________ Fédérations membres FELIN : APEM LR (Languedoc Roussillon), CD1D (France), FEPPIA (Aquitaine), FEPPAL (Pays de Loire), FEPPRA (Rhone Alpes), FLIM (Midi-Pyrénées), PHONOPACA (Paca), LA FLIPPE (Est), LA MINE (Nord-Pas de Calais), PIAF (Ile de France).

 

1 commentaire

Tout d’abord, j’apprécie votre démarche qui tente à dynamiser ce secteur qui se repose bien trop sur les sorties ultra diffusées (en boucle) dans les radios et autre médias incontournables pour le public lambda.

En effet je pense que la solution au problème (qui serait une solution autant pour les labels indés que pour la création de nouveaux disquaires en France) serait que les grands médias, radio et télé, laisse plus de place à la musique indépendante dans leur programme, je sais qu’il y en a, certains font l’effort, mais avec plus de visibilité pour ces milliers de labels indépendants grâce à ces médias, l’envie de relancer la production de pressage CD reviendrait peut être… Qui dit relance du pressage CD/Vinyles de ces milliers de labels indépendants (qui malheureusement ne diffuse qu’en digital maintenant) dit création de nouveaux magasins de disques.

Le monopole du marché tient sur de simples décisions venant (pour moi) de médias et non des majors qui à priori, n’aime pas trop partager.