CHARLOTTE DECROIX - HER MAJESTY'S SHIP

1. Comment s’est créé ton label, dans une industrie musicale en bouleversement ?

J'ai créé le label avec l'artiste David Shaw en janvier 2012, dans le but de sortir son premier album - So It Goes. La production était quasiment finie, tout avait été fait avec les moyens du bord à l'époque, et on a vite compris qu'il faudrait se débrouiller seul pour la suite. Finalement HMS s'est créé sur un coup de tête, par passion, et puis l'identité s'est développée au fil des rencontres provoquées par ce premier disque. J'aime bien penser que les choses n'arrivent pas par hasard, surtout dans les moments un peu compliqués.
L'industrie musicale était déjà sinistrée mais je n'y connaissais rien donc je n'ai pas eu peur de foncer. Et depuis, les choses ont beaucoup évolué encore (avec le développement fulgurant du streaming entre autres, le retour en grâce du vinyle), plutôt positivement d'ailleurs. Les habitudes changent, mais la (bonne) musique reste. Heureusement !

2. Quelles ont été tes erreurs et tes réussites ?

J'ai fait des tonnes d'erreurs stratégiques et financières au début : lancer un disque sans promo, faire du vinyle sans distribution, travailler (mal) avec des copains... La première année c'était épique, je me suis brouillée avec pas mal de monde en faisant tout un tas de conneries de débutante. Mais j'ai appris plein de choses, notamment à manager une équipe, à faire des choix, à dire non. J'ai réussi à faire perdurer le label, à signer des artistes géniaux, à lancer des projets. Je pense à DBFC, La Mverte, Yan Wagner... J'en ai planté aussi malheureusement. Pour moi la vraie réussite c'est d'avoir fait en sorte que des artistes puissent vivre de leur musique, enfin. Que des albums voient le jour et qu'ils soient bien reçus. Il y a encore beaucoup à faire mais c'est la base.

3. Selon toi, quels sont les éléments nécessaires aujourd’hui pour continuer à exercer métier ?

Réussir à fédérer une équipe c'est essentiel. Je travaille encore seule au bout de 6 ans mais je suis entourée d'indépendants, de partenaires (attachée de presse, graphiste, réalisateur, éditeur...) et d'artistes généreux, qui nous suivent. C'est important de penser sur le long terme en matière de relationnel. C'est déjà assez compliqué comme ça alors autant travailler avec des gens sympa et inspirants.
Se diversifier c'est bien mais c'est aussi le risque de s'éparpiller donc il faut savoir prioriser. Je me suis justement fait cette réflexion récemment car HMS arrive à un stade "entre deux" : pas assez rentable mais avec des projets de plus en plus ambitieux... alors après une année très coûteuse et risquée, je prends le parti de réduire la voilure cette année, de me recentrer sur peu de projets pour trouver un nouveau souffle. On ne peut pas être à fond tout le temps, il faut l'accepter et savoir être patient.

Visiter le site du label : www.hmsrecords.com