Rising Bird Music est une société de management, production et édition musicale créée et dirigée par Matthieu Remond. Fort de son expérience auprès d’artistes comme Oxmo Puccino, Diam’s, -M-, Babx, Camélia Jordana, Kery James, Tété, Joséphine Drai ou Blitz The Ambassador, il intervient aujourd’hui avec Rising Bird Music à différents niveaux auprès d’artistes comme Arthur H, Mariama, Awa Ly, Flynt, David Assaraf et Théophile.
1. Comment s’est créé ton label, dans une industrie musicale en bouleversement ?
Je me considère comme manager d’artiste avant de me considérer gérant de label.
Le fait de produire aujourd’hui et d’offrir ce « service » a mes artistes est né en réaction à des situations que j'ai vécues.
Je dois accompagner mes artistes de manière globale dans leur carrière si je veux que les projets avancent. En tant que manager, je suis souvent confronté à des blocages : production, tour, édition.
Pour palier à ce manque, j'ai très rapidement du compenser le manque de travail d’un partenaire de l’artiste sans en avoir les droits et la rétribution. Ma société s’est donc créé autour de 4 axes : la production, l’édition, le management et le conseil.
Chaque artiste avec qui je travaille a un business model différent et c’est ce qui m’excite aujourd’hui : pouvoir proposer et imaginer, en partenariat avec les artistes, le modèle de développement qui sera le plus bénéfique pour eux et pour moi en terme d’évolution de carrière et de rentabilité économique.
Le bouleversement de l’industrie a créé mon activité. Je le vois donc comme une opportunité plutôt que comme un problème.
Travailler aussi avec des artistes impliqués financièrement dans leur production est important pour moi. Tout le monde est responsabilisé et de fait nous serons tous gagnant en cas de succès. Partager les risques pour une petite structure me semble primordiale.
2. Quelles ont été tes erreurs et réussites ?
J’ai tendance à vouloir tout faire jusqu’à des choses minimes que je devrais déléguer et favoriser mon travail sur la direction et le développement de la société.
Je cherche à m’associer à d’autres personnes ou structures sur des projets aussi pour ne pas m’enfermer et pouvoir me remettre en question.
Une autre erreur mais qui va perdurer longtemps est mon manque d’opportunisme commercial dans mes choix artistiques. Je suis très mauvais là-dessus mais ça deviendra peut-être une marque de fabrique avec le temps.
J’ai beaucoup de mal à demander de l’aide ou des conseils alors que j’ai beaucoup de plaisir à transmettre de mon côté lorsqu’on me sollicite.
En terme de réussite, je suis très fier du travail réalisé avec Arthur H et son label Mystic Rumba que je gère avec lui.
Après 20 ans en major, nous sommes passés en licence indépendante. Nous avons produit un double album, fait des choix artistiques forts en termes de single et d’image. Et c’est payant aujourd’hui.
Le développement de Awa Ly est aussi une réussite. Quasi inconnue il y a 2 ans, nous l’avons imposée dans sa niche musicale. Il faut maintenant passer à l’étape supérieure pour que trouver une rentabilité.
Les business model que j’ai créé avec Flynt et sa société Offsiderz ou avec Mariama qui est productrice de son album au sein de Rising Bird Music sont vraiment des choses que je souhaitais mettre en place depuis longtemps.
Je dis souvent que nul n’est à l’abri d’un succès même le plus mauvais. Donc ma structure est opérationnelle pour pouvoir l’accueillir s’il arrive un jour.
En attendant, je prends chaque aventure comme un ajout d’expérience qui aide à passer à l’étape d’après.
Je suis très fier de la diversité et de la qualité des artistes avec qui je travaille. Sans être une ligne de conduite de départ, j’ai aujourd’hui un roaster d’artistes exigeant, de qualité, ayant un vrai rapport à la scène, avec du fond et du sens. A défaut de m’enrichir financièrement, c’est une réussite de pouvoir les défendre aujourd’hui.
3. Selon toi, quels sont les éléments nécessaires aujourd'hui pour continuer à exercer ce métier ?
Impossible de faire ce métier sans passion, sans être animé par quelque chose.
Sans un peu de folie et de non calcul aussi.
Il faut bizarrement être près de ses sous, savoir gérer ses budgets et en même temps accepter de tout miser sur le fait très subjectif que des gens vont acheter un disque.
Il n’y a aucune « justice » dans le succès, des groupes talentueux et bosseurs se plantent pendant que des mecs débarquent et font disque d’or en 6 mois. Il faut y être préparé.
Accepter de travailler énormément. De voir beaucoup de gens autour de toi gagner plus d’argent que toi, grâce à toi et en te le reprochant.
Y a toujours ce cliché sur les managers et producteurs véreux qui est souvent pénible et qu’on doit souvent justifier. Mais le nerf de la guerre reste bien entendu les finances.
Toutes aide financière qui peut favoriser l’embauche, l’emploi de prestataire, qui permet de pouvoir consolider son équipe sur du moyen terme est forcément la bienvenue.
Nous avons la chance d’avoir un secteur où il y a des subventions, du crédit d’impôt, des aides diverses.
La majorité des aides sont tournées vers l’emploi des artistes et la production. Le risque pris par les labels, la précarité de ceux qui tiennent ces structures ne sont pas forcément pris en compte.
De façon basique, personne ne se soucie de comment vivent ces gens qui font vivre les artistes.
Il y a aussi souvent un manque de réalisme dans certains critères d’aides ou l’on voit clairement qu’on parle à des gens qui n’ont aucune idée de la réalité d’un petit label indépendant qui développe des groupes ou qui agit sur une musique de niche.
Il n’y a aucune recette, tout est remis en question à chaque fois. Ce n’est pas cyclique ou répétitifs et c’est très excitant.